Le nouvel arrondissement de Shanghai : une densification à outrance (Pudong)

Publié le par BEN M BAREK Kalthoum

 

 

Le nouvel arrondissement de Shanghai : une densification à outrance

 

Un extrait de l’article a été diffusé

sur le journal « France Antilles » du 16 décembre 2010

 

Kalthoum BEN M’BAREK et Pascal Saffache

 

Pour avoir un rayonnement mondial, la ville doit profondément transformer l’organisation de son territoire et elle est obligée de démolir ou de réhabiliter certains quartiers.

 

Les shikumens qui sont des vieilles maisons traditionnelles, les quartiers délabrés dans lesquels vivent des juifs (au nord de Shanghai), les entrepôts abandonnés sont démolis s’ils ne présentent pas d’intérêt économique, financier et touristique. Les agriculteurs sont priés de quitter leurs rizières pour laisser place à des nouvelles constructions.

 

Ainsi Pudong, situé à l’Est du fleuve Hangpu, était une rizière. Il est devenu  le nouvel arrondissement de Shanghai, dont le début des travaux a démarré en 1994. C’est le plus grand arrondissement de Shanghai encore en cours de finition. Il compte 3 nouveaux millions d’habitants. Les anciens sont partis vivre dans d’autres arrondissements ou à la périphérie de Shanghai. Car vivre à Pudong coûte cher. A titre d’exemple, l’achat d’un appartement est très élevé environ 16 000 € le m² avec des appartements qui mesurent au minimum 400 m².  Ces logements de haut standing sont destinés à des hommes d’affaires internationales.

 

Le déplacement des populations, la mise en place des voiries, réseaux et assainissement…a permis de construire de nombreux immeubles, gratte-ciels, commerces et services avec l’appuie des professionnels, experts internationaux et universitaires.

 

Ainsi, le World Financial Center (Centre Financier Mondial) a été conçue par les américains. C’est le troisième plus haut gratte-ciel du monde.  La  tour de 492 mètres de haut, de 101 étages, de 381 600 m² accueille des bureaux, un hôtel de six étoiles et des boutiques. C’est le point culminant le plus haut de Chine. Cette tour dépasse de bien loin l’Empire State Building (381 m) à New York, la Tour Eiffel de Paris de 324 mètres. Seul la tour de Taipei qui mesure 509 mètres et celle de Dubai avec 828 mètres la dépasse. A 55 mètres, une passerelle en verre permet de voir le paysage d’en dessous. Cette tour est aussi appelé le « décapsuleur » car elle a la forme d’un décapsuleur. Les chinois s’amusent avec cette tour et aimeraient qu’un bâtiment en forme de bouteille puisse être construit à côté.  Depuis, cette tour sert d’attraction touristique avec une vue panoramique à 474 mètres.

 

La Tour Jinmao qui signifie « l’immeuble de la prospérité d’or » est un gratte-ciel de 421 mètres, de 88 étages, de 278 707 m², avec 130 ascenseurs a été construite par des américains. Cette tour occupe la sixième place au classement mondial. Elle comporte 88 étages car le 8 est le symbole de la prospérité et de l’argent pour les chinois.  Dans cette tour nous retrouvons des restaurants occidentaux, des boutiques, un hôtel de cinq étoiles qui occupe le 55 èmeétage. C’est l’hôtel le plus haut du monde. Les visiteurs peuvent profiter de la vue exceptionnelle du fleuve Huangpu où circulent des bateaux mouches illuminés comme des sapins de Noël. Ils peuvent admirer aussi le Bund, et le quartier Puxi situé après le fleuve Hangpu.

 

Outre ces monuments, des grands hôtels comme le Hyatt, la Tour Télé, l’aéroport international y sont installés…

 

Les édifices, gris à l’extérieur, comportent certains des toitures, des enseignes, des panneaux dorés pour apporter la richesse et du rouge pour symboliser à la fois la force et la protection. Les entrées sont souvent  ornées d’animaux tels que les lions qui défendent les « forteresses » ou de dragons qui sont signes d’un bon auspice pour les chinois. En outre, ces derniers apprécient aussi le chiffre 9 car il symbolise le maximum, au-delà les chiffres ne sont que combinés.

 

 

Cette concentration des services, fait de Pudong le quartier des affaires et des finances le plus grand de la Chine. Cet arrondissement apporte 45% du chiffre d’affaires de la Chine alors que la moyenne nationale est de 13%.

 

 

Shanghai est une ville qui a appuyé sur l’accélérateur du développement dès 1990. Elle change progressivement la morphologie de certains arrondissements, elle modifie les fonctions et cherche à rendre attractive son territoire afin d’y faire venir une population plus riche. C’est une transformation à la fois sur la forme et sur le fond. D’une vie quasi rurale elle est passée à une vie urbaine, entraînante et qui pousse encore plus loin les limites notamment architecturales, économiques et financières. A tel point qu’elle rivalise maintenant avec Hong Kong et Tokyo. Elle a relevé le challenge de la gentryfication : le passage d’une population modeste à l’installation d’une population aisée.

 

Elle est devenue polycentrique et attractive par l’amplitude des fonctions qu’elle offre dans différents arrondissements. Mais comme d’autres villes, il ne s’agit plus de s’interroger sur la densification, mais sur la sur-densification : c'est-à-dire, une concentration encore plus forte, dans un même espace des gens et des services, avec les conséquences que cela peut entraîner.

 

A titre d’exemple, plus de 3 millions de véhicules traversent Shanghai, la présence des hauts buildings, l’ensoleillement, en été, autour de 38-40°C, l’humidité très forte (autour de 50%) augmentent le niveau de pollution, empêchent la circulation de l’air,  et rend la respiration difficile notamment pour les personnes âgées et les nourrissons. Mais tout adulte qui se rend pour la première fois à Shanghai, a des sensations de nausées…

 

De plus, vu le nombre de voitures ou de piétons, il est impossible de respecter les feux tricolores. Pour une ville polycentrique qui veut devenir une ville globale, mondiale, quelles autres alternatives recherchées à la densification ? Comment limiter la pollution ? Quels services offrir de façon confortable et équilibré sans occasionner trop de gêne (embouteillage pour prendre les tickets, pour prendre le métro, pour faire des courses…) Jusqu’où peut aller la densification ? Quelles sont les limites ? Cette densification doit elle se faire pour protéger le périurbain ?

Faut-il éviter l’installation des populations dans la périphérie au nom du développement durable ? Faut-il tout concentré en ville ?  Lorsque les conditions de santé, de sécurité dans la ville ne peuvent plus être respectées, la banlieue peut devenir un pôle d’activité secondaire.

 

Tout est dans le symbole en Chine, ainsi, la « Chine » signifie « centre », et la ville de Shanghai veut atteindre cet objectif. Son développement est endogène, elle produit, les consommateurs sont des autochtones et les touristes ne représentent qu’une faible part. Elle pourrait presque s’auto satisfaire. Cette ville éveille en tout cas la question de l’équilibre à rechercher entre la périurbanisation, la densification et le développement durable sous le prisme de la santé urbaine. La question du mouvement des populations reste entière…car les chinois n’aiment pas en parler.

 

Vos remarques sont les bienvenues.... 

 

 

Publié dans L'HABITAT EN CHINE

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